PAUL VERLAINE

POÈMES SATURNIENS

VŒU

'portrait of Paul Verlaine'
Ah! Les oaristys! Les premières maîtresses!
L’ or des cheveus, l’ azur des yeux, la fleur des chairs,
Et puis, parmi l’ odeur des corps jeunes et chers,
La spontanéité craintive des carresses!

Sont-elles assez loin toutes ces allégresses
Et toutes ces candeurs! Hélas! Toutes devers
Le Printemps des regrets ont fui les noires hivers
De mes ennuis, de mes dégoûts, de mes détresses!

Si que me voilà seul à présent, morne et seul,
Morne et désespéré, plus glacé qu’ un aïeul,
Et tel qu’un orphelin pauvre sans sœur aînée.

O la femme à l’ amour câlin et réchauffant,
Douce, pensive et blonde,*  et jamais étonnée,
Et qui parfois vous baise au front, comme un enfant!